TPG: le Tiers Payant Généralisé

FSDL, le 10 juillet 2014

 

Notre ministre de tutelle, Mme Marisol Touraine, jamais la dernière quand il s’agit de nuire aux libéraux, s’apprête à mettre en vigueur le tiers payant généralisé (TPG), tout d’abord aux médecins, puis aux autres professionnels de santé.

Alors, idéologie, démagogie, volonté de nuire ou dissimulation subtile de l’abandon annoncé de l’état du secteur de la santé ?

En fait il s’agit un peu de tout cela.

Tout d’abord un petit historique.

Passons sur l’épisode de la carte violette spécifique aux chirurgiens-dentistes dans les années 80, qui consistait en un tiers payant avec participation des praticiens pour en bénéficier ( !) et qui est mort né sous la levée de bouclier de la profession.

Ensuite ce fut la carte santé dans les années 90, ancêtre de la CMU. A l’époque, des statistiques précises de dépenses de santé pour les bénéficiaires de cette carte santé étaient tenues. Sans surprise, un surcroit de 10% de consommation de soins était noté pour ces patients.

Puis vint la CMU, telle que nous la connaissons actuellement. L’existence de celle-ci, et de l’AME, valide de fait le tiers payant pour les plus démunis, plus de 10 millions de personnes. Alors pourquoi l’appliquer à tous ?

Quel impact pour les patients ?

Le règlement direct du patient à son médecin, son infirmière ou son chirurgien-dentiste est une démarche saine de reconnaissance du soin réalisé. C’est un acte fondamental qui favorise la réussite du traitement médical car le patient marque ainsi sa volonté de se prendre en charge pour sa santé.

Lorsqu’il n’y a pas de règlement direct des honoraires au praticien cela fait croire à une fausse gratuité et dévalorise les actes de soins. Le tiers payant s’interpose dans la relation patient / praticien et les soins deviennent un dû qui correspond à une cotisation, la guérison devenant normale et exigible.

Quel impact sur la qualité de soins ?

L’échec généralisé des différentes campagnes de prévention gratuites montre bien que la gratuité n’a pas d’influence sur la prise de conscience de la population quant à sa santé. Au contraire, le fait de ne plus payer de consultation va entrainer une augmentation de la médecine d’urgence au détriment de la mise en place, essentielle sinon indispensable, d’une politique de prévention efficace.

Quel impact sur les finances publiques ?

Quand un gouvernement qui veut faire 10 milliards d’euros d’économie dans le secteur de la santé déclare la mise en place du TPG pour les cabinets médicaux libéraux, on est en droit d’être surpris.

Toute la subtilité de la manœuvre est là : quel meilleur moyen que le TPG pour masquer aux yeux de la population le transfert de la santé au secteur privé, à savoir les complémentaires santé ?

Loi Le Roux, mutuelles obligatoires, TPG, tout ceci permettrait à Marisol Touraine de privatiser la santé et de livrer ses acteurs majeurs, les soignants, pieds et poings liés aux assureurs et mutuelles.

Quel impact sur l’économie des cabinets libéraux ?

L’exemple des pharmaciens qui ont appliqué ce système doit nous alerter au plus haut point.

Le temps passé à recouper les retours de tiers payant sera considérable, et les tarifs de soins dignes des pays du tiers monde qu’on nous impose ne nous permettront pas d’embaucher pour faire face à ce surcroit de travail. Les syndromes type « burn out » touchent de plus en plus de médecins libéraux, mais cette mesure pourrait avoir des répercussions encore plus dramatiques.

D’autre part, le règlement direct par les caisses ou par les complémentaires donnerait à celles-ci un pouvoir absolu sur les libéraux. Comme les pharmaciens avec les médicaments génériques, nous devrons tout accepter sous peine de subir un défaut de paiement en cas de litige ou de réforme gouvernementale.

Conclusion

La mise en place du TPG n’apporterait aucune amélioration en termes de santé publique car elle contribuerait à déresponsabiliser les patients et à repousser la mise en place souhaitable d’une politique de prévention axée sur l’accessibilité mais également sur l’obligation.

Le coût de cette mesure pour les cabinets libéraux serait abyssal et le spectre de faillites, d’abandon de la profession serait bien présent.

Mais le plus grave avec ce tiers payant généralisé, c’est qu’il représenterait le dernier clou planté dans le cercueil de la médecine libérale.

 


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