Il faut changer de logiciel !!!

FSDL, le 24 juin 2014

 

 A plus d’un mois après le  passage officiel à la CCAM ou plutôt de la tentative honteuse de nous faire croire qu’il n’y aurait pas de période de transition, force est de constater que la majorité des praticiens ont préféré continuer avec l’ancienne nomenclature.

Les chiffres parlent d’eux mêmes, 2 praticiens sur 10 ont plongé dans l’inconnu et pour la majorité d’entre eux, ils n’ont pas été déçus du voyage.

Comment expliquer autant de bugs informatiques lors des mises à jour (MAJ) successives de nos logiciels ?

Est ce la précipitation d’un syndicat préférant « forcer » le passage plutôt que de mettre en place des groupes de praticiens (les béta testeurs) qui auraient fait remonter les nombreuses incohérences des différents logiciels avant de lancer définitivement des mises à jour corrigées à l’ensemble de la profession ?

Une région « test » aurait pu servir également à la mise en place de cette classification sans trop de heurts.

Est ce la caisse nationale d’assurance maladie qui n’a pas facilité les choses sachant très bien qu’il aurait fallu une période transitoire d’un an comme chez les médecins pour mettre tout cela en place dans de bonnes conditions ?

Est ce la faute exclusive de certains éditeurs (les plus connus) qui pensaient que cette CCAM ne verrait jamais le jour et n’ont pas investi les moyens nécessaires pour nous faciliter la tache ?

Surement un peu de tout cela, mais ce qui apparaît comme une évidence c’est le manque de concertation, d’organisation de cohérence et de « bon sens » de tous les acteurs impliqués dans ce fiasco du 1er juin 2014.

Les confrères et consœurs pris en otage et incités par le syndicat confédéral à passer au plus vite à cette nouvelle classification se souviendront longtemps des heures passées à essayer d’appeler une « hotline » injoignable pour bénéficier d’une dizaine d’euros par jour de  pseudos revalorisations* obtenues lors des négociations conventionnelles de 2013.

La FSDL avait demandé depuis longtemps une période de transition allant de 6 mois à 1 an pour que cette mise en place ne pénalise pas des praticiens déjà sous pression constante.

 

Aujourd’hui nous adressons un courrier au Directeur Général de l’UNCAM lui demandant une dérogation exceptionnelle pour les praticiens à moins de 2 ans de la retraite, afin que ces derniers puissent terminer leur exercice sans avoir à subir un tel bouleversement de leur exercice professionnel.

N’obligeons pas ceux qui ont travaillé près de 40 ans à clôturer leur exercice avant l’heure en raison d’investissements informatiques qui n’ont pas lieu d’être à 2 ans du terme de leur activité.

Nous sommes inquiets, car nous découvrons chaque jour de plus en plus de praticiens proches de la retraite qui décrochent leur plaque professionnelle et tirent le rideau avant même la date butoir.

Pour eux aussi, ce 1er juin restera une date gravée dans leur mémoire, car les pouvoirs publics et le syndicat confédéral n’ont pas envisagé une seule seconde que certaines villes ou villages vont désormais se transformer en « désert médicaux dentaires ».

 

Pour terminer sur une note d’espoir, il faut noter que la délégation de la FSDL a été reçue dernièrement à la Cour des Comptes afin de discuter de la prochaine politique de santé avec les responsables de cette institution.

Notre avis sur les derniers changements opérés (Avenant 3 et CCAM) a été entendu mais la surprise est venue de l’analyse des bouleversements qu’il faudrait opérer pour redonner un nouveau souffle indispensable à la politique de santé bucco-dentaire en France.

Nos interlocuteurs étaient sur la même longueur d’onde, constatant comme nous, les échecs successifs des différentes conventions signées depuis plus de 20 ans et qui ont entrainé ces dérives, à savoir privilégier des soins prothétiques lourds au lieu d’une politique de prévention digne de ce nom et des soins conservateurs à minima respectant l’organe dentaire.

Les économies réalisées par une vraie prise en charge de nos actes de soins qui représentent 70% de notre activité quotidienne sont apparues comme une évidence, avec la notion de replacer avant tout l’intérêt de nos patients au centre de cette politique.

L’exemple des pays scandinaves où la conservation des tissus et organes dentaires est devenue UNE priorité absolue doit servir de base de réflexion pour repartir sur une politique ambitieuse.

Il semblerait que ce discours ne soit pas tombé dans « l’oreille d’un sourd » et nous verrons lors des prochaines réunions de travail si cet axe est privilégié.

Une chose est certaine, ce ne sont pas les pansements sur une jambe de bois « conventionnelle » qui sortiront nos cabinets dentaires de l’inexorable dégradation de nos conditions d’exercice.

Non, le vrai changement ne viendra pas d’un catalogue indigeste de 700 actes à honoraires inchangés mais d’une révolution structurelle, une façon de soigner nos patients en adéquation avec les technologies modernes mises à notre disposition.

 

Il faut changer, non pas nos logiciels informatiques, mais nos « logiciels de pensée ».

 

* l’enveloppe globale de 100 millions de revalorisations pour 41 000 praticiens en France correspond à 2500 euros par an et par praticien, soit 10 euros par jour !

 

Patrick Solera

Patrick SOLERA

Président de la FSDL

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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