Union ou Désunion ?

Le moment est venu de faire une analyse des dernières actions en cours pour empêcher nos cabinets dentaires de subir ces détournements de patientèle initiés par ces plates formes téléphoniques type Santéclair.

Alors que des procédures juridiques sont en cours entre Santéclair, notre syndicat, l’Ordre national et certains ordres départementaux, nous continuons à nous battre inlassablement contre les pratiques anti déontologiques de certains de ces acteurs commerciaux qui veulent transformer la santé en un marché.
Dans le même temps, nos consoeurs et confrères sont harcelés par des opérateurs du réseau KALIVIA, qui après le marché de l’optique et de l’audioprothèse, s’attaque au dentaire. Cet harcèlement pour recruter de nouveaux « partenaires » fait suite à une mauvaise campagne de communication sur la mise en place de leur réseau et de négociations avec la CNSD, qui n’ont pas donné les résultats escomptés.
En effet, la profession devient réticente et les nombreux refus des praticiennes et praticiens à devenir référent « KALIVIA » ont donné du fil à retordre à ces financiers pour constituer leur maillage du territoire.

Les leçons du passé doivent toujours rester à l’esprit et alors que certains prônent l’UNION SACRÉE pour empêcher les pratiques déloyales de ces réseaux, il ne faut pas oublier qu’en 1997, notre Conseil de l’Ordre National avait envoyé un courrier à toute la profession pour inciter chacun d’entre nous à résilier son partenariat avec la MGEN dans le cadre du protocole CNSD/MGEN estimant qu’il y avait compérage, publicité et tentative de détournement.

Que croyez vous qu’il arrivât ?

Et bien la CNSD déposait une requête en recours auprès du secrétariat du contentieux du Conseil d’Etat pour faire annuler cette lettre-circulaire du président du Conseil national de l’Ordre et obtenait gain de cause. Décision du conseil d’état 

Cet épisode n’est pas sans rappeler la plainte déposée par Santéclair devant l’Autorité de la Concurrence que nous venons de subir avec l’Ordre National à une petite différence notable, celle de voir un syndicat et non une plateforme commerciale s’opposer à l’analyse de notre Ordre National censé faire respecter le Code de Déontologie.

Nous savons parfaitement bien comment fonctionnent ces réseaux commerciaux. Ce n’est pas l’adhérent qui demande la liste des partenaires mais un courrier ou un simple appel téléphonique qui ne laisse aucune preuve est effectué auprès de nos patients pour les informer que nos honoraires sont anormalement élevés et que leurs « chirurgiens dentistes partenaires » pourront leur éviter un reste à charge conséquent.
Ces méthodes scandaleuses demandent une extrême vigilance de la part de tous les syndicats car c’est la survie de tout notre exercice libéral qui est en jeu.
Les principes fondamentaux du Code de la Santé Publique que sont :

  •  le libre choix du chirurgien-dentiste par le patient,
  •  la liberté des prescriptions du chirurgien-dentiste, 
  •  l’entente directe entre patient et chirurgien-dentiste en matière d’honoraires, 
  •  le paiement direct des honoraires par le patient au chirurgien-dentiste,

sont mis à mal par la signature d’un ancien protocole (MGEN) et de nouveaux à venir (KALIVIA ) d’un syndicat qui croit négocier dans l’intérêt de la profession alors qu’il ne fait que la diviser et l’enfoncer vers sa marchandisation totale.

En demandant le mois dernier, à la profession de se mobiliser contre ces pratiques anti déontologiques, la CNSD joue un double jeu en négociant en catimini des partenariats avec ces mêmes groupes mutualistes et assuranciels.

Cette désunion fera le jeu de tous ces financiers qui ont reçu l’appui de notre gouvernement depuis 2012, avec la mise en place de la Loi Le Roux autorisant les réseaux de soins et surtout la Loi Santé qui va instaurer un tiers payant généralisé obligatoire.

Un réseau, qu’il soit négocié ou pas, reste un réseau, avec tout ce que cela comporte comme pratiques déviantes et les non signataires, qui y sont confrontés chaque jour dans leur exercice quotidien, le savent parfaitement bien.

L’UNION des syndicats doit servir à négocier avec les complémentaires santé une politique ambitieuse basée sur la prévention et la revalorisation de nos soins, non pas des plafonds de nos honoraires prothétiques et orthodontiques, car les techniques actuelles de conservation de l’organe dentaire ne peuvent être que bénéfiques pour nos patients mais également pour la santé financière de notre chère Sécu, des mutuelles et des assurances.

Mettons-nous au travail, tous ensemble autour de la table, et définissons les bases de cette dentisterie moderne qui respecte les principes fondamentaux cités précédemment.

Patrick trop bô
Patrick SOLERA
Président de la FSDL