CLESI et NUMERUS CLAUSUS: Y’a t’il un pilote dans l’avion ?

SALECK.Isabelle, le 16 octobre 2018

 

Le vendredi 5 octobre, une  délégation de notre syndicat, composée des Docteurs Patrick  SOLERA, Nicolas Cabarrou et de Maître Augagneur, avocat de la FSDL, a été reçue à notre demande par le Professeur Isabelle Richard, conseillère de la Ministre de l’Enseignement Supérieur de la Recherche et de l’Innovation.

Suite à l’épisode de la validation d’un faux diplôme à Toulon, issu de l’Université Fernando Pessoa et entaché de deux années illégales au CLESI, la FSDL souhaitait connaître la position de la Ministre sur ce point précis. En effet, si aucune autorité compétente ne vérifie le contenu des formations délivrées sur le sol européen, il est à craindre dans les mois à venir de voir se multiplier des scandales sanitaires.

Sur ce point précis, le Ministère rejette l’entière responsabilité de ce « couac » sur les conseillers ordinaux départementaux et nationaux qui ont validé ces inscriptions au tableau.  Il semblerait même que la Ministre et ses conseillers n’aient pas réussi à joindre le Président de l’Ordre National car «  il n’avait pas donné d’adresse mail à jour ». En 2018, il est fort regrettable qu’un Ministère ne puisse se procurer les coordonnées fiables d’un organisme tel que le Conseil National de l’Ordre. Nos politiques feraient-ils preuve de mauvaise foi ?
La FSDL a donc demandé que le Ministère œuvre pour une non reconnaissance automatique de diplômes européens, qui plus est lorsqu’ils sont irréguliers, voire illégaux,  et qu’il travaille également avec ses homologues européens à une véritable harmonisation des cursus universitaires et des compétences minimales requises. Nous suivrons ce dossier de près en coordination avec le Ministère de la Santé également sollicité.

Un deuxième sujet a été abordé, annoncé par le Président de la République Emmanuel Macron, la fin du numerus clausus et du concours PACES sous sa forme actuelle.

Force est de constater qu’aucune réponse sérieuse ne nous a été donnée concernant le mode de sélection, la capacité d’accueil dans les établissements hospitalo-universitaires, le cursus envisagé et la formation clinique de ces futurs étudiants. Le Ministère semble naviguer à vue… Nous espérons que Madame la Ministre saura écouter les suggestions que nous lui avons faites : à savoir qu’une  réforme de cette ampleur se prépare en amont, en concertation avec l’ensemble du corps enseignant et des représentants de la profession.
Nous avons toutefois relevé qu’il était  sérieusement envisagé d’envoyer les étudiants compléter leur apprentissage clinique dans les cabinets libéraux avec vraisemblablement la possibilité de soigner. Est-ce bien le rôle des praticiens libéraux que de former gratuitement des étudiants en chirurgie dentaire ? Au-delà de la contrainte supplémentaire, comment régler le problème de la responsabilité médicale et de la pédagogie ? L’Etat souhaiterait-il se désengager de la formation de nos étudiants ?

Les membres de notre délégation sont repartis déçus de cette entrevue, car aucune garantie ne nous a été donnée sur les deux principaux sujets discutés. Le sentiment qui prédomine est celui du plus total amateurisme  de ces responsables administratifs, censés permettre aux étudiants en chirurgie-dentaire d’acquérir des compétences intellectuelles et manuelles en évitant la prolifération de diplômes illégaux sur notre territoire dans l’intérêt de chaque français.

 


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